Diplômée de la Faculté de médecine dentaire en 2000, Katia Friedman est aujourd’hui à la tête de six cliniques en Floride. Quel parcours pour celle qui, enfant, avait déjà de grandes ambitions ! De ses origines modestes à sa réussite entrepreneuriale, portrait d’une jeune femme qui, depuis toujours, sait où elle va. Sans jamais oublier d’où elle vient…
« Très tôt, j’ai eu une personnalité ambitieuse et envie de réussir dans la vie. » L’histoire de Katia Friedman est de ces “success stories” qui se sont construites dès l’enfance. À la tête, avec son mari, de six cliniques dentaires en Floride, cette diplômée de la Faculté dentaire (2000) mesure aujourd’hui l’ampleur du chemin parcouru. Née à Paris, élevée à Montréal, elle a su se transcender pour vivre son rêve entrepreneurial. « Je suis immensément fière de mon parcours, raconte-t-elle. Ce n’est jamais par chance qu’on arrive à faire ce qu’on veut. Petite, j’étais déjà persuadée qu’en mettant tous mes efforts dans quelque chose, je l’obtiendrai. » De ses nombreuses parties d’échecs avec son père informaticien, Katia Friedman a retenu l’essentiel : toujours se fixer un objectif avant d’avancer ses pions.
Alma mater
« Sa passion dévorante pour ce jeu m’a encouragé à poursuivre la mienne », confirme-t-elle. L’équation que la jeune Katia devait résoudre se présentait ainsi : quelle carrière se choisir lorsqu’on est bonne en sciences, animée d’une fièvre entrepreneuriale, créative et douée de ses mains ? Rapidement, l’envie de posséder son propre cabinet médical germe dans son esprit, et la dentisterie finit par s’imposer comme une évidence. « Je ne voulais pas passer trop d’années aux études et je n’avais pas le goût de travailler dans les hôpitaux, en contact avec la maladie, reconnait-elle. Le cursus de dentiste se fait en quatre ans, dans la majorité des cas les patients sont en bonne santé et la dimension esthétique du métier m’attirait. »
De ses années d’études à l’Université de Montréal, Katia Friedman ne garde que des bons souvenirs. Du travail bien sûr, beaucoup de travail, mais aussi du plaisir, des amitiés fortes, et même des instants complices avec sa maman, adjointe exécutive du recteur de l’époque. « Tous les jours, on lunchait ensemble, se souvient-elle avec un sourire. J’étais contente d’avoir gradué, j’avais envie de liberté, mais j’étais triste en partant… » Dans son cas, admet-elle, quitter l’UdeM signifiait aussi rompre un lien maternel, s’envoler en quelque sorte du nid familial. Les ailes sont toujours un peu plus lourdes à déployer dans ces conditions, mais l’attachement à son alma mater – littéralement sa mère nourricière – n’en devient que plus symbolique !
Petit cabinet deviendra grand
Forte de la solide formation reçue à l’université, Katia Friedman abordera la suite de sa vie comme une succession de défis personnels et professionnels. Après deux ans de pratique, elle décide de quitter Montréal pour Toronto, afin de se mesurer à un autre contexte, une autre langue. Là, elle rencontre son futur mari, Eli Friedman, avec qui elle va faire le grand saut : s’établir en Floride pour fonder une famille et une entreprise. « Je ne parlais pas très bien anglais, se remémore-t-elle, mais pas le choix : je devais repasser des examens dans cette langue pour obtenir le droit d’exercer aux États-Unis. Avec beaucoup d’efforts, et grâce à l’enseignement reçu à l’UdeM, j’ai obtenu ma certification ; et trois ans plus tard j’ouvrais mon premier cabinet dentaire, tout petit. C’est là que ma passion pour la gestion d’entreprise s’est vraiment révélée. »
Aujourd’hui que le petit cabinet est devenu Friedman Dental Group, un regroupement de cliniques dentaires et de centres d’implants, la jeune femme n’a plus le temps d’ausculter des bouches et se consacre pleinement à son rôle de co-directrice. Une évolution qu’elle a accueilli comme un aboutissement ; celui dont elle avait toujours rêvé. « Après 20 ans de pratique, il fallait faire un choix entre les deux : j’étais prête. »
Lorsqu’on lui apprend que l’UdeM offre désormais un programme, Millennium Québecor, qui dispense accompagnements et formations entrepreneuriales, elle se réjouit : « C’est une excellente idée ! Si j’avais pu bénéficier de quelques cours de gestion des affaires en médecine dentaire, cela m’aurait vraiment aidée. Même si l’on travaille pour quelqu’un d’autre, on gagnera toujours à connaître la réalité du chef d’entreprise, ce à quoi il doit faire face. » À la tête de six cliniques dentaires, de quinze dentistes et de cinquante membres du personnel, Katia Friedman a désormais assez de recul pour être formelle : gérer une clinique, ce n’est pas qu’une question de compétences, mais aussi de résilience, d’adaptation et de vision. Sans doute son père lui dirait-il que ces qualités sont aussi celles d’une bonne joueuse d’échecs…
Les valeurs à la bonne place
Quand la discussion dévie sur le choix la Floride, elle le reconnaît sans mal : « Je n’ai jamais adoré l’hiver à Montréal ! Et comme j’allais souvent dans le sud quand j’étais jeune, cette destination ensoleillée s’est imposée naturellement… » Pour autant, ni ce rêve américain, ni cette météo clémente ne l’ont coupée de ses racines montréalaises, de sa famille ou des valeurs qu’elle a reçues en héritage. Son côté terre à terre, la classe moyenne dans laquelle elle a grandi, sa trajectoire… Tout cela se reflète dans son style de gestion, dans sa manière de traiter ses employés et dans son rapport à son métier. « Le plus grand succès, c’est de pouvoir aider d’autres, assure cette entrepreneure et mère de famille. C’est vrai dans nos cliniques où on améliore tous les jours le quotidien des gens. Mais c’est vrai aussi dans nos vies personnelles : on aime aider, on aime partager. L’augmentation de mes moyens m’a permis d’amplifier ma générosité. »
En écoutant Katia Friedman dérouler son histoire, on reste frappé par la manière dont elle a bâti son rêve à force de volonté. Rien n’a été facile dans son parcours. Elle a dû déplacer des montagnes et, de son propre aveu, elle doit toujours en pousser quelques-unes pour continuer d’avancer. Mais quand on a pris l’habitude de faire des rêves et de croquer dedans, la magie finit toujours par opérer. « Enfant, j’avais cette vision : une belle maison, des enfants, une famille et moi, à la tête d’une entreprise. Mais pas n’importe laquelle ! Depuis le début, je voulais marier la santé et les affaires, maîtriser les deux univers, être efficace et compétente… » Parfois, la Fée des dents fait mieux que donner de l’argent : elle exauce les vœux des plus méritants.