Il y a quelques semaines, le recteur a remis la Bourse d’accessibilité Daniel Jutras à Meriame Taoufella, une étudiante en ergothérapie. Récit de leur rencontre. 

« Vous savez : moi aussi je suis un étudiant de première génération. Mes parents n’ont pas de diplôme universitaire. Ce n’est pas un jugement, c’était la norme à l’époque… Et ça l’est encore pour certaines familles, notamment chez les nouveaux arrivants. » 

C’est par ces mots que le recteur de l’Université de Montréal a accueilli Meriame Taoufella, étudiante en ergothérapie, mais aussi nouvelle récipiendaire de la Bourse d’accessibilité Daniel Jutras. Rendez-vous avait été pris mi-décembre, dans l’un des salons du pavillon Roger-Gaudry. Meriame s’y est présentée avec la timide assurance de ses 20 ans pour rencontrer Daniel Jutras et échanger quelques mots avec lui. 

À bâtons rompus, leur discussion s’est prolongée pendant près de trente minutes. Le temps pour la nouvelle boursière de raconter son histoire et plus particulièrement celle de ses parents, qui sont arrivés d’Algérie dans les années 90 et se sont installés à Repentigny pour fonder une famille. Meriame, ses frères et leurs études supérieures respectives (l’aîné est à Polytechnique Montréal) sont le fruit de cette décision courageuse. Avant eux, personne dans la famille n’était allé à l’université. 

« Mes parents m’ont poussée à aller le plus loin possible dans mes études, à travailler mon potentiel, a insisté Meriame. J’ai fait le Programme d’études internationales à Repentigny, puis le Collège de Maisonneuve et là je viens de commencer mon baccalauréat en ergothérapie à l’Université de Montréal. En parallèle, j’ai fait et continue de faire beaucoup de bénévolat pour la communauté de Repentigny, notamment en confectionnant des paniers de Noël pour l’organisme Fin à la faim. » 

Un montant de 3000$ 

Lorsqu’il a décidé de créer la Bourse d’accessibilité Daniel Jutras, le recteur n’a pas longtemps hésité sur la cause qu’il souhaitait défendre. Du fait de son histoire personnelle, mais aussi de ses convictions. « Il me semble capital pour l’avenir du Québec, a-t-il expliqué à Meriame, qu’on motive les gens qui n’ont pas grandi dans un environnement universitaire, qu’on les appuie quand ils viennent de milieux qui ne comptent aucun diplômé. » 

En attribuant chaque année 3000 $ à une étudiante ou un étudiant de première génération, cette bourse entend encourager ce mouvement. Le montant est modeste, comme le recteur l’a concédé en s’excusant presque, mais il se veut avant tout un symbole pour saluer les efforts admirables que consentent tous ces jeunes. 

Toutefois, pour Meriame, ce coup de pouce fait toute une différence. 

Pour elle qui vit à Repentigny et qui perd donc de précieuses heures chaque jour dans les transports, l’équilibre logistique entre les études, le travail et les loisirs est un souci constant. Cette bourse, c’est non seulement un appui financier pour moi, mais un appui de motivation. Ça m’ôte du stress financier : je n’ai pas besoin de travailler pour payer ma session. Non seulement ça me donne du temps, mais ça me motive pour étudier encore plus fort ! » 

Donner l’exemple 

Dans sa récente et remarquée allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le recteur avait listé les trois moteurs de la philanthropie universitaire : la gratitude, l’espoir et la fierté. Cette Bourse d’accessibilité Daniel Jutras répond à cette définition. 

Elle procède de la gratitude d’un ancien élève envers son alma mater, elle nourrit l’espoir d’améliorer l’expérience étudiante pour celles et ceux qui en ont besoin, et elle traduit une fierté face au chemin accompli par une étudiante ou un étudiant. 

« C’est très important pour moi, la philanthropie, a rappelé le recteur. Encore plus avec le lancement de notre grande campagne. Et c’est important, en tant que recteur, que je donne l’exemple, que je manifeste mon propre engagement envers l’université. (…) En tout cas, je suis vraiment content qu’on soit tombé sur vous Meriame : vous m’avez l’air vraiment d’une belle personne ! »