La Fondation Famille Michel Fournelle vient de faire un don exceptionnel de 5 millions $ à la Faculté des sciences de l’éducation (FSÉ). Son objectif ? Financer le Réseau des écoles associées de Côte-des-Neiges. De quoi changer la vie des élèves et de leurs enseignants dans ce quartier qui en a tant besoin.

L’Université de Montréal est encadrée par deux des quartiers les plus défavorisés du Québec : Parc-Extension à l’est et Côte-des-Neiges à l’ouest. Le symbole est fort, la responsabilité immense. En tant qu’acteur social, l’UdeM a vocation à s’engager en faveur de ce voisinage, à multiplier les ponts, les initiatives, les programmes pour désenclaver le savoir universitaire et y associer toute la population et toutes les communautés. C’est exactement ce qui va être fait dans Côte-des-Neiges grâce au don de 5 millions $ de la Fondation Famille Michel Fournelle – le plus grand jamais reçu par la Faculté des sciences de l’éducation!

Un programme centré sur l’enfant

Destiné au Réseau des écoles associées, cet argent n’aura qu’un objectif : soutenir la réussite scolaire en contexte d’inclusion auprès des élèves des écoles défavorisées. Directement rattachée au 4e pilier de la grande campagne L’heure est brave (Favoriser l’épanouissement des communautés), ce programme ne pouvait laisser insensible la Fondation Famille Michel Fournelle et son président Michel-Éric Fournelle qui ont fait du bien-être des enfants leur combat quotidien. Leur don en 2021 pour le Centre de pédiatrie sociale Atlas avait déjà démontré leur engagement auprès de la jeunesse de Côte-des-Neiges. Celui-ci compte bien s’attaquer au problème de ses écoles.

“Dès que j’ai entendu parler du Réseau des écoles associées de l’Université de Montréal, j’ai embarqué, explique Michel-Éric qui siège également au comité consultatif de la Faculté des sciences de l’éducation. Au Québec, l’éducation est un système centré sur son propre fonctionnement, avec beaucoup de balises, de procédures, de règles… C’est très lourd. Alors que le programme des Écoles associés est lui centré sur l’enfant, ses besoins, les enjeux locaux et régionaux aussi, comme la composition des classes par exemple.” Bref, tous ces particularismes que le système peine hélas à gérer du fait de sa vocation généraliste et du nombre considérable de personnes à servir. Un écueil connu, mais qui a des impacts majeurs dans les quartiers à faibles revenus.

La recherche indique en effet que les apprenants des milieux défavorisés sont beaucoup plus ̀à risque de développer, entre autres, des retards scolaires, de l’hyperactivité et des troubles de comportement. Autant d’obstacles qui impactent leurs résultats scolaires et augmentent leur risque de décrochage. Or, Montréal est au cœur de ce problème : sur les 478 quartiers à faible revenu de l’ensemble du Canada, 35,5 % se retrouvent dans la métropole québécoise. La complexité des classes dans les écoles situées en milieu défavorisé rend la tâche des enseignants et enseignantes, particulièrement pour les nouveaux diplômés, extrêmement exigeante. Cette réalité explique pourquoi ils sont si nombreux, malgré leurs qualifications, à quitter la profession tôt dans leur carrière.

L’équivalent scolaire des hôpitaux universitaires

Mais ce cercle vicieux n’est pas une malédiction. Certaines écoles défavorisées obtiennent des taux de réussite comparables aux plus favorisées, et cela grâce à une formidable mobilisation de leurs enseignants et de la direction. C’est ce qu’on appelle « l’effet école » et le Réseau des écoles associées entend le maximiser grâce à deux leviers. Celui de l’accompagnement, d’abord, qui va aider les écoles à réduire tous les risques induits par la défavorisation. Celui de la formation, ensuite, qui va permettre d’envoyer dans ces milieux les futurs enseignants formés à la FSÉ, de les confronter dès le départ à ce qui sera bientôt leur réalité, de les outiller surtout pour qu’ils puissent relever les défis de leur mission d’intérêt public.

“Dit tout simplement : on veut que nos écoles associées soient l’équivalent des hôpitaux universitaires, explicite Ahlem Ammar, la doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation. Donc un lieu de formation initiale pour nos futurs enseignants et enseignantes, un lieu de recherche et un lieu de formation continue pour les équipes écoles.” Ce projet d’envergure institutionnelle s’inscrit donc dans le temps. Il vise un changement de paradigme dans la formation et la recherche afin de redéfinir les pratiques et façonner l’avenir de l’éducation. Un quartier à la fois. En commençant par celui de Côte-des-Neiges…

Un philanthrope local

“J’ai grandi ici, j’y ai vu beaucoup de misère et de pauvreté, explique Michel-Éric Fournelle lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi ce quartier. Moi, j’ai eu la chance d’aller dans des bonnes écoles, mais je veux aider en devenant un joueur majeur local. C’est tellement important d’avoir cet ancrage ! Avec 5 millions $, vous pouvez changer les choses à l’échelle d’un quartier; mais à l’échelle d’une ville ou d’une région, c’est trop grand, vous saupoudrez les ressources.” Pourtant, du côté du donateur comme de la FSÉ, l’objectif va bien au-delà de Côte-des-Neiges! Tous espèrent que ce don exceptionnel, en assurant la pérennité du programme, va en inspirer d’autres, que l’effet école se doublera d’un effet boule de neige, que d’autres philanthropes suivront, donc que d’autres quartiers, d’autres villes, et surtout d’autres enfants profiteront bientôt du programme.

“Les besoins sont tellement grands et c’est tellement gratifiant de donner de son vivant, confie le président de la Fondation Famille Michel Fournelle. Non seulement cela permet de voir son impact dans la communauté, mais en plus vous rencontrez des gens passionnants, différents, courageux, que jamais vous n’auriez croisé autrement. Vous vivez votre philanthropie!” Lorsque Michel-Éric Fournelle a vendu l’entreprise immobilière familiale pour 490 millions dans l’idée de lancer une fondation, il ignorait tout, absolument tout du milieu de l’éducation. Et désormais, le voilà lecteur averti sur le sujet, bienfaiteur d’un programme éducatif de l’Université de Montréal, soucieux de maximiser la réussite des élèves défavorisés de son quartier et désireux de réduire le taux d’attrition chez les enseignants. Élever la vie des autres en enrichissant la sienne : et si c’était cela la meilleure définition du don?