L’entrepreneuriat fascine autant qu’il intimide. Quels défis attendent celles et ceux qui se lancent? Quelles qualités sont indispensables? Que devrait-on impérativement savoir avant de faire le grand saut? À l’occasion du concours L’impact Millénium Québecor, nos grands bénévoles nous dévoilent leurs secrets d’entrepreneurs…

« Je suis convaincu que ce qui sépare les entrepreneurs qui réussissent de ceux qui ne réussissent pas, c’est avant tout la persévérance pure et simple. » La phrase est signée Steve Jobs et elle illustre un joli paradoxe : l’entrepreneuriat est l’un des rares mots qui parviennent à incarner aussi bien le succès que l’échec. Raison pour laquelle, sans doute, celles et ceux qui se lancent apparaissent aujourd’hui comme des aventuriers modernes, comme des idéalistes prêts à prendre des risques au nom de leur vision.

Aider nos étudiantes et nos étudiants à concrétiser cette vision, les accompagner dans leur projet entrepreneurial constitue l’un des objectifs du premier pilier de notre grande campagne L’heure est brave. Et le concours L’impact Millénium Québecor s’inscrit dans son sillage ! Il célèbre l’esprit pionnier de l’entrepreneuriat en permettant à des personnes diplômées et étudiantes à l’UdeM de confronter leurs projets devant un jury d’exception. L’occasion pour nous de sonder les membres de ce jury ainsi que la présentatrice de la Grande finale du concours pour avoir leur vision de l’entrepreneuriat et – pourquoi pas ? – leur soutirer quelques secrets…

Se préparer à la tempête

Il est une chose sur laquelle le jury de Millénium est unanime : Steve Jobs est dans le vrai. Pour survivre à cette odyssée qu’est l’entrepreneuriat, les maîtres-mots sont « persévérance », mais surtout son corollaire “résilience”. « C’est l’un des traits de caractère les plus importants, confirme Céline Juppeau, fondatrice de Kotmo, l’un des leaders québécois dans l’objet promotionnel responsable. Les hauts et les bas de la vie entrepreneuriale sont chaotiques et il est très difficile d’y naviguer. En plus, les outils pour gérer notre santé mentale sont rares… Même si la situation s’améliore à mesure que ce sujet tabou devient public. »

La solitude et la persévérance de l’entrepreneure face à la tempête, c’est aussi ce qui a marqué Marie-Josée Gagnon, fondatrice et directrice de l’agence Casacom, présentatrice de la Grande finale du concours L’Impact Millennium et co-présidente de notre grande campagne. « En 2014, après 13 années consécutives de croissance et de succès, j’ai traversé une grave crise de liquidité qui a failli me coûter mon entreprise, raconte-t-elle. Pour y mettre fin, j’ai dû prendre des décisions courageuses. Cet épisode douloureux, vécu alors que j’étais seule propriétaire, m’a énormément apporté. Je ne serais pas la leader que je suis aujourd’hui si je ne l’avais pas vécu. »

Garder le cap

Pour affronter ces intempéries inévitables, l’entrepreneur doit s’accrocher à sa vision comme un capitaine à la barre de son navire. C’est en tout cas l’avis de Frantz Saintellemy, chancelier de l’Université de Montréal, PDG de Ledartech et cofondateur du Groupe 3737, un accélérateur et incubateur à but non lucratif axé sur la diversité et l’inclusion : « Il faut garder le cap et ne pas perdre de vue notre vision à long terme, conseille-t-il. Il est très facile de se laisser distraire, particulièrement quand les résultats ne viennent pas immédiatement. »

La patience. Si cette qualité est la mère de toutes les vertus, elle est aussi la meilleure amie de l’entrepreneur. Associée en IA chez Deloitte mais aussi fondatrice de l’OBNL Héros de chez nous, Ravy Por en sait quelque chose : « Mes premiers pitch étaient beaucoup trop longs et pas assez clairs, se souvient celle qui est aussi co-présidente de notre grande campagne. J’ai dû les travailler et retravailler en m’exerçant à présenter de manière convaincante afin de communiquer le potentiel avec confiance. Dans un parcours entrepreneurial, il y aura toujours énormément de nouvelles informations à intégrer, à modifier, à peaufiner et plus encore. »

Bien s’entourer

Cette présentation des choses pourrait laisser croire que l’entrepreneuriat est nécessairement une aventure solitaire. Rien n’est plus faux selon nos jurés. Pour Frantz Saintellemy, par exemple, l’un des secrets de la réussite est au contraire de savoir bien s’entourer : « Une des plus grandes responsabilités d’un entrepreneur est le développement de talents, insiste-t-il. Il faut recruter les meilleures personnes pour le travail, leur donner une vision claire, leur faire de la place et leur faire confiance pour prendre des risques calculés. Surtout si on œuvre dans les technologies de pointes ou dans un nouveau marché. »

Même au stade de la création d’entreprise, l’entourage peut devenir un atout décisif. D’abord sur le plan financier, comme le souligne Céline Juppeau : « J’ai appris à bien m’entourer de partenaires financiers ayant les mêmes valeurs et qui comprennent la vision de l’entreprise. » Mais c’est tout aussi vrai sur le plan relationnel, comme Ravy Por en a fait l’expérience : « J’ai réalisé que mon réseau de contacts était d’une valeur inestimable, car il m’a permis d’obtenir des recommandations, des introductions et des opportunités de financement. » Avec le recul, elle aurait même souhaité qu’on lui conseille de chercher activement des mentors et des coachs en entrepreneuriat lorsqu’elle s’est lancée. « Ces personnes expérimentées m’ont offert des conseils, des orientations et un soutien précieux pour naviguer d’un défi à l’autre, se souvient-elle. Le savoir plus tôt m’aurait sûrement permis de sauver du temps. »

Viser plus grand

Ce soutien a cependant des limites. C’est avant tout l’entrepreneur qui doit avoir foi en lui et en ses idées. Personne ne peut y croire à sa place. Cet impératif catégorique l’oblige à communiquer son enthousiasme pour embarquer les autres, et surtout à prendre des risques pour faire advenir ses souhaits. Ce n’est qu’à ce prix, celui de la confiance absolue dans sa vision, qu’il ou elle pourra viser plus grand et parvenir à ses fins. « Pour réussir, résume Marie-Josée Gagnon, il faut savoir imaginer, mobiliser et avoir du courage. » Avant de conclure joliment, à l’adresse des entrepreneurs et entrepreneures en herbe du concours L’Impact Millénium Québecor : « Tout ce que tu peux rêver, tu peux le réaliser ». À la condition, ajouterait Steve Jobs, de persévérer.